Jonathan Fortier : une espèce en voie d’extinction

Dans le monde du hockey senior, il existe deux genres de tough : ceux qui embarquent sur la glace pour jouer et qui peuvent laisser tomber les gants de temps en temps, et les spécialistes, ceux dont c’est véritablement le travail de se battre.

Jonathan Fortier fait partie de la deuxième catégorie. Son job, c’est d’aller au front et de brasser la cage! « J’aimerais ça te parler de mon dernier tour du chapeau, mais ma fiche est assez faible de ce côté-là », lance-t-il en rigolant.

Fortier est conscient que son boulot ne fait pas l’unanimité. Il est surtout conscient que les tough comme lui ont longtemps fait mal paraître le hockey senior. Mais selon le numéro 94 des Bisons, la tendance des bagarres est clairement à la baisse… même dans le senior! « Pendant longtemps, c’est les batailles qui définissaient notre ligue. Ce n’est plus vrai, aujourd’hui! Avant, les équipes pouvaient compter dans leurs rangs trois ou quatre justiciers, parfois même plus. Maintenant, à quelques exceptions près, il y en a un ou deux. »

Cela est-il dû à une volonté des dirigeants de diminuer le nombre de bagarres ou simplement au manque de relève chez les durs à cuire? « Un peu des deux, je pense. Quand ta job c’est de te battre, faut que tu sois fait fort, parce que c’est dur physiquement, mais encore plus entre les deux oreilles. Les joueurs plus jeunes qui arrivent dans le senior n’ont pas évolué avec la mentalité que pour donner un bon show, il faut se battre. Ça fait moins de gars pour prendre la relève des justiciers vieillissants. Et c’est ben correct! »

Une nouvelle drogue

En 2020, Jonathan Fortier a fait face à un mur. L’arrêt forcé des activités hockey l’a mis face à une réalité pas trop reluisante. Après plusieurs années d’abus de drogues et une sérieuse dépendance au jeu, il entre en cure avec la ferme intention de ne jamais y retourner. Jusqu’à maintenant, il tient bon. « Je suis à une bonne place dans ma vie, présentement. Ça va bien dans toutes les sphères importantes. Ma drogue, maintenant, c’est de me retrouver avec les gars de l’équipe! »

Son retour au jeu ne s’est pas fait sans heurt. Celui qui ne s’était jamais battu à jeun a eu un peu de difficulté à se faire à cette nouvelle réalité. Mais sa position de vétéran au sein de l’équipe compense amplement pour les coups de poing qui font « un peu plus mal qu’avant ».

Le gros bonhomme prend plaisir à s’impliquer davantage au sein du vestiaire et envers les joueurs plus jeunes. Il contribue à créer une synergie qui, ultimement, pourra faire toute une différence sur la glace. « On a beaucoup de plaisir à se retrouver ensemble, sur la glace et en dehors. »

Rappelons que l’entre-saison a été riche en bouleversements au sein de l’alignement. Il faut maintenant que la chimie opère entre les anciens et les nouveaux joueurs, pour que l’équipe revienne sur le chemin de la victoire.

« Il y a un potentiel énorme à Granby pour qu’on devienne une équipe imbattable! Nos joueurs ont tous joué à des niveaux plutôt élevés dans leur carrière, le calibre est vraiment fort. Gagne ou perd, une game de hockey senior, c’est une maudite bonne game de hockey, point final! »